Ça déménage au conseil d’administration de L’Arche à Strasbourg
Quand on devient président de L’Arche à Strasbourg sans venir du monde du handicap, cela peut sembler surprenant. Et pourtant, pendant six ans, André Lefèvre a su tenir la barre, dans les tempêtes comme dans les joies, avec engagement et humanité. Retour sur un mandat marqué par des rencontres, des bouleversements… et beaucoup de confiance.
Témoignage |

“Au départ, je ne me sentais pas légitime…”
Lorsqu’on lui a proposé de prendre la présidence de L’Arche à Strasbourg en 2019, André a longuement hésité. “J’ai beaucoup résisté avant d’accepter. Il me semblait préférable de chercher quelqu’un de plus jeune… Et je ne me sentais pas légitime, n’ayant jamais côtoyé de personnes en situation de handicap dans ma vie personnelle, ni vécu en communauté.”
Mais à L’Arche, ce ne sont pas les CV qui priment. “On embarque les gens d’abord pour ce qu’ils sont, pour leur foi dans le projet. Une association, c’est avant tout un projet de transformation sociale. Je ne pensais pas être la personne idéale, mais ils ont cru en moi. J’ai cru au projet. Alors j’ai sauté le pas.”
En 2019, André prend la présidence de L’Arche à Strasbourg et découvre cet univers qui lui est inconnu avec son lot de surprises…
“À L’Arche, on prend le temps de la relation”
Malgré ses doutes initiaux, l’intégration s’est faite en douceur : “J’ai trouvé ma place rapidement, et la question de la légitimité s’est vite estompée. Le pilotage de projets, je connaissais un peu. J’étais dans l’action.”
En effet, avant de prendre la présidence de L’Arche à Strasbourg, André a exercé des missions de service public dans des établissements privés associatifs, alors il avait le bagage nécessaire pour gérer des projets.
Mais ce qu’il a découvert à L’Arche, c’était “un petit truc en plus” : la relation. Dans la vie communautaire de L’Arche, on prend le temps de rencontrer et de connaître, “on prend le temps de la relation” comme il le souligne. C’est la vie communautaire !
Entre les administrateurs, la communauté, les bénévoles, les professionnels et les personnes en situation de handicap elles-mêmes, ce sont beaucoup de belles rencontres. Une rencontre de personnes mais aussi de cultures différentes de ce qu’il connaissait : “le rapport au temps, le discernement collectif, la co-construction, la disponibilité, une vision qui se rapproche de l’écologie intégrale en quelque sorte.”
Pertes ou opportunités ?
Tout au long de son mandat, André Lefèvre a vécu des bouleversements, certains heureux comme l’ouverture d’une nouvelle maison, des Pot’irons et du GEM, certains inattendus comme la crise covid, et d’autres plus graves comme les révélations concernant Jean Vanier. Ces derniers sont-ils des pertes ou des opportunités ?
“La mort de Jean Vanier et les révélations sur ses agissements nous ont obligés à renoncer à une référence spirituelle unique. Perte ou opportunité ?
Des personnes accompagnées qu’on regardait avant comme des bénéficiaires dans des établissements sécurisés, et qui deviennent des habitants à part entière dans un “chez soi”, avec toutes les possibilités et incertitudes que cela comporte. Perte ou opportunité ?
Des assistants qui autrefois donnaient tout à L’Arche en renonçant parfois à une vie personnelle, remplacés par des salariés à part entière, qui ont une vie en dehors de L’Arche. Perte ou opportunité ?”
Ce que André veut dire par ces mots, c’est que certains verront plus de pertes et d’autres plus d’opportunités. : “Ce n’est pas forcément facile de lâcher ce qu’on a connu, ce qui n’existe plus, et d’avancer vers l’inconnu avec confiance. Alors à nous, ou plutôt à vous les jeunes, de vous emparer des opportunités pour avancer avec confiance.”
C’est Jean-Pierre Coué qui reprend la présidence. André lui souhaite de trouver autant de plaisir que lui dans les rencontres de L’Arche et dans la pratique du tandem avec Tobias, le directeur.